Mon village, la côte

By Yolande Bastarache
Preface by Michel Bastarache
Categories: Literature & Language Studies
Series: Essais et fiction
Publisher: Les Presses de l'Université d'Ottawa
Paperback : 9782760334298, 110 pages, November 2021
Ebook (PDF) : 9782760334304, 110 pages, November 2021
Ebook (EPUB) : 9782760334311, 110 pages, November 2021

Excerpt

« Je dois raconter cette histoire à mon cahier rose. Les adultes ne s’y intéresseront pas. Mon amie Juliette était une fille sage et pas menteuse du tout. Elle ne parlait jamais pour ne rien dire et souvent on se demandait, Annie et moi, ce qu’elle pouvait avoir en tête. Alors, le jour où elle s’est mise à nous faire ce récit bouleversant, que je vais vous relater, Annie et moi nous l’avons écoutée avec beaucoup de respect. Je dois tout dire de cette journée où l’inconcevable et l’indignation se rencontrent pour ébranler une vie. »   – Yolande Bastarache, Extrait de « Les secrets des enfants », Mon village, la côte 

« Ma compagne bien en chair, à la coiffure en chignon, parle peu. Ce qui fait mon affaire. Mon corps s’engourdit de plus en plus. Quand ma voisine s’aperçoit que je ne peux atteindre mon bouton d’appel, elle n’hésite pas à venir à mon aide en se servant du sien pour appeler. Voyant mon inconfort, elle m’offre quelques mots d’encouragement. Le soir où une envie de tousser la jette dans une peur bleue de découdre ses points de suture, je réussis à appeler l’infirmière, qui la rassure qu’il n’y ait aucun danger que cela se produise. L’air sec nous gratte la gorge et nous fait tousser. » 
  – Yolande Bastarache, Extrait de « La sympathie des âmes », Mon village, la côte

« Tante Violette s’est isolée volontairement, il y a déjà quinze ans, à quelques milles en dehors de la ville, dans ce village incolore et inodore qui n’est pas le sien. Elle a perdu sa ville, sa maison, son travail, sa famille, et à soixante ans, elle a tout recommencé. Ici, on la croit sans famille. C’est ce qu’elle a raconté à tous les locataires de ce bloc appartement. Lorsque ses sœurs lui rendent visite – événement rare –, elle les traite comme des étrangères et ne mentionne à personne leurs liens de parenté. Il y a plusieurs mois, je suis arrivée dans cette ville; j’ai pris connaissance de sa situation et de sa solitude et j’ai voulu la revoir et lui parler, comprendre tout ce qui n’était pas dit ou expliqué, vérifier si elle avait besoin d’aide. Trop de questions étaient laissées sans réponse. 
Elle ne s’est jamais mariée. Ses parents, ainsi que son frère (mon père) et une sœur sont décédés. Elle est campée en face de moi et me sourit; elle parle sans arrêt. Son visage évoque celui d’un homme, mais ses yeux sont féminins et rieurs. Les rares cheveux qui lui restent, qu’elle teint elle-même sans l’aide d’un miroir, sont d’un rouge indescriptible, courts et mal coupés, collés sur la tête. Elle est bâtie carrée. Rien de délicat. Forte. Rien de cassable. Étrangement, chaque partie du corps observée séparément se révèle normale et fragile. L’ensemble donne l’impression d’un plan de base bien pensé qui a mal tourné. Elle ressemble beaucoup à son père, chez qui les mêmes traits révélaient un homme beau et distingué. Lorsqu’elle raconte sa vie, tante Violette répète cette phrase qui résonne comme un leitmotiv singulier : « Je n’ai pas les yeux de mon père, mais ceux de ma mère. »

– Yolande Bastarache, Extrait de « Violette », Mon village, la côte 

 

Description

Yolande Bastarache left us too soon. Reading the dozen short stories in this posthumous collection feels like stumbling upon a sunny, ocean-breeze-swept secret garden inhabited by endearing characters, both fictional and real. 

“I must jot this story down in my diary. It will be of no interest to the adults. My friend Juliette is a well-behaved girl who never lies. She only speaks when she has something to say. Often, Annie and I wonder what is going on in her head. So on the day she started telling us this upsetting story, which I will relate, Annie and I listened to her with great respect. I must recount everything about his day, when the inconceivable and total outrage collided to shatter a life.” 

Entering Yolande Bastarache’s world means meeting children happily skipping down village streets, eccentric aunts hiding well-kept secrets, and other colourful characters, each with their own worries, but all endearing and full of life. It’s discovering a world of secrets and unexpected kindness. 

Yolande Bastarache, avid reader, and occasional writer, was the wife of former Supreme Court of Canada justice Michel Bastarache.

Published in French.